Jour 2 : Que leur joie demeure !
Publié le 26 mars 2025
Lou Lamparo, chroniques de Bright Generations
En Provence, le "lamparo" désignait une technique de pêche nocturne, où les poissons étaient attirés par une lumière fixée à l'avant du bateau. Au quotidien, ces chroniques mettront en lumière quelques moments clés de l'événement.
Par Julie Bordenave, journaliste spécialisée dans le spectacle vivant, le cirque et l'espace public (Zébuline, Théâtres, La Scène...)
Jour 2 : Que leur joie demeure !
En droite lignée avec les préoccupations soulevées la veille, méthodologie de récolte de données et modes de gouvernance étaient débattues ce jour au sein de la Cartonnerie. En premier lieu, dans les pas de l’enjoué professeur Michael Anderson, de l’Université Sydney, l’auditoire de professionnels était invité à se questionner sur l’impact concret de son action auprès du jeune public, et sur la manière de le faire savoir ! Car, pour enthousiastes et spontanées que furent les témoignages, ils ne devaient pas masquer une réalité : il est parfois diffice de quantifier les aspects émotionnels dans le cadre d’un protocole de recherche. Facilité à exprimer ses émotions, rencontre avec l’altérité, sens de la communauté et de l’engagement… Via des protocoles précis de recherche, l’Université de Sydney tente de recenser les vertus du secteur. Parmi les impacts positifs pointés, certains sont particulièrment réjouissants : “il est rare que des études parlent de
la joie, ici on peut le faire !” s’enthousiasme Michael Anderson. Parmi les autres vertus citées : créativité, autonomisation, régulation émotionnelle… Un cercle vertueux qu’il semble urgent de porter à la connaissance de tous, notamment des financeurs du secteur. Prochaine étape : solliciter de nouveaux canaux de communication, tant pour la récolte de données que leur mise en partage (relais populaires au niveau local, campagnes numériques multilingues…) afin de mieux incarner la réalité internationale du secteur, et de faire porter sa voix encore plus loin.
L’après-midi, place à une réflexion sur un partage de la gouvernance des lieux culturels. Autour de la table, deux expériences relatées :
en France, les Jeunes prog’ du Théâtre de la Renaissance, un dispositif inédit consistant à confier l’ensemble de la programmation ados de la saison à un groupe de 11 jeunes. Pour les accompagner dans la mise au monde et l’affirmation de leurs idées, ces derniers sont épaulés par une artiste, “fil rouge artistique et maïeutique” du dispositif,. A la programmation JP du Théâtre de la Renaissance, Marie-Hélène Félix est catégorique : on ne peut même pas parler de réelle prise de risque, car “comme souvent quand on délègue à des amateurs, l'intérêt général s’avère mieux pris en compte !” En Allemagne, le projet JourNutz du TheaterGrueneSosse implique des jeunes dans la conception d’un nouveau théâtre en train de se bâtir, à Francfort.
Ces illustrations concrètes et enthousiasmantes de la mise en oeuvre des droits culturels étaient incarnés, lors de la conférence, par certains des jeunes participants eux-mêmes
Autant d’ingrédients témoignant du savoir-faire et de l’éthique qui anime ces Bright Generations au quotidien : de la mise en partage d’expériences, de la remontée d’infos concrètes de terrain à faire fructifier. Dans la joie toujours, un mètre étalon aussi rare que précieux !
Julie Bordenave
Journaliste spécialisée en arts vivants, du cirque et de l’espace public (Zébuline, Théâtres, La Scène…)